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Réseaux sociaux, actualités: comment aider nos ados à développer un esprit critique ?

Les évènements dramatiques de la fin du mois de juin ont mis en évidence combien nos enfants peuvent être influencés par les informations véhiculées par les réseaux sociaux. Nous avons pu voir des phénomènes de meute, d’emballement des esprits, de passage à l’acte qui nous ont particulièrement frappé. Les réseaux sociaux ont servi de caisse de résonnance à ces évènements. Les informations qui y ont été partagées se sont appuyées essentiellement sur l’impact émotionnel. Cela a contribué a empêcher la prise de recul, l’analyse, l’esprit critique qui auraient pu construire la paix plutôt que le chaos.

Comment, face à ces tsunamis informationnels et émotionnels, accompagner nos enfants ?

Le réseau des parents vous propose de mettre en place quelques réflexes simples pour éviter que nos enfants soient submergés par ces informations et qu’ils puissent exercer leurs capacités d’analyse.

Apprendre à écouter, sans jugement

Prenons le temps d’écouter sans interrompre, sans jugement, notre enfant lorsqu’il a besoin de nous partager ses sentiments, ses émotions face à ce qu’il peut voir, entendre sur les réseaux. Cela permet de déposer cette violence qui peut parfois s’emparer d’eux. Avoir un espace d’expression, c’est pouvoir mettre en mot ce qui est ressenti sans avoir à passer à l’acte. C’est également permettre au cerveau de reconnecter avec ses capacités d’analyse et de prise de recul par le simple fait de prendre le temps de nommer.

Développer ses capacités d’analyse de l’information

L’information sur les réseaux sociaux fait souvent appel à l’émotion, au sensationnel. Or la puissance émotionnelle ne fait pas l’information. Les vidéos n’hésitent pas à mettre en scène ce qui est filmé pour toujours plus de sensationnel, d’émotion, souvent au détriment de la réflexion. Apprenons-leur à percevoir ces techniques de montage, de points de vue qui viennent télescoper les capacité de jugement des situations.

Apprenons-leur à vérifier les informations dont ils disposent avant de les partager : quelle est la source ? Qui est l’auteur de la vidéo ? Est-ce qu’il y a un doute sur la fiabilité de cette information ? Comment pourrait-on vérifier ? Quand on s’aperçoit que l’information est fausse, il ne faut pas hésiter à la signaler à la plateforme sur laquelle elle est postée.

Informer son adolescent sur les phénomènes de meute

En groupe, il devient plus difficile de prendre un peu de recul, de ne pas toujours suivre, de garder son libre arbitre. Nous avons tous besoin de nous sentir appartenir à un groupe et c’est difficile de dire au groupe que l’on n’est pas d’accord avec ce qu’il est en train de faire. On se retrouve seul, et personne n’aime se sentir seul. Particulièrement quand on est adolescent. En groupe, on peut être pris par l’excitation, l’euphorie du groupe et perdre ses capacités de raisonnement, de discernement. L’opinion de la majorité peut venir altérer notre jugement, influencer nos choix. Le jeune peut être amené à devenir violent ou commettre des violences contre son gré. Il y a un véritable effet d’entraînement. L’effet de groupe amène à faire ce que l’on ne ferait pas individuellement. Savoir que cela existe et que l’on peut se retrouver pris dans la tourmente permet d’aller chercher les ressources et la force de caractère nécessaire le moment venu, comme par exemple prendre ses distances avec les plus excités du groupe ou éteindre momentanément ses réseaux sociaux.

La famille comme lieu de ressource

Pour nos adolescents, faisons de notre famille un lieu où l’on peut parler, discuter, même si nous ne sommes pas d’accord sur tout. Echanger ensemble c’est permettre à chacun de poser ses idées, ses ressentis, argumenter, nuancer ses propos peu à peu. Oui, nos enfants disent parfois des bêtises, écoutons-les, posons-leur des questions, aidons-les à différencier les faits des personnes, à appréhender un autre point de vue, à s’apercevoir que deux points de vue différents peuvent coexister, comme les deux faces d’une même médaille.

Apprenons à nos enfants à faire la différence entre une opinion et un fait. Le fait, quand il est avéré est indiscutable. Beaucoup des informations circulant sur les réseaux sont en réalité des opinions. Par exemple : tout le monde devrait aimer la rentrée (opinion), l’eau gèle à partir de 0 degrés (fait), les joueurs du Danemark sont une bande de tricheurs (opinion). Quand nous avons l’impression que le discours de nos enfants déraille un peu, aidons-les à faire la part des choses, questionnons-les : Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Sur quels faits bases-tu ton discours ? Est-ce qu’on pourrait avoir un autre point de vue ? Est-ce que c’est discutable ?

Apprenons-leur enfin à faire preuve d’esprit critique sur les contenus. Aidons-les à aiguiser leur curiosité, à réfléchir par rapport à ce qu’ils voient. Discutons-en ensemble même si parfois les sujets peuvent nous gêner.

La famille c’est enfin le lieu où l’on peut expérimenter en premier la coopération, l’apprentissage de la régulation de ses émotions, la gestion des conflits, des désaccords pour aller vers la paix. Par la participation de chacun aux tâches du quotidien, par le fait de faire sentir à chacun que l’on compte sur lui, qu’il fait partie de notre équipe familiale, nous travaillons la cohésion. Nous renforçons la capacité de chacun à apporter du « bon » à notre famille puis à la société.

Si vous avez envie d’approfondir le sujet, de nombreuses ressources sont disponibles sur les sites suivants :

CLEMI (Centre pour l’Education aux Médias et à l’Information)

Super demain

OPEN (Observatoire de la Parentalité et de l’Education)

De très bons outils à retrouver également dans le livre suivant :

Nos ados sur les réseaux sociaux, même pas peur ! de Béatrice Kammerer, Réseau Canopé, 2023