Actualité

Ruptures conjugales, Prévenir plutôt que guérir ?

Il n’y a jamais eu, à ma connaissance, d’étude sur l’impact de l’activité de Conseil Conjugal et Familial (CCF) sur la santé relationnelle des couples. C’est chose faite depuis quelques jours avec la parution de l’étude du groupe de réflexion indépendant VERS LE HAUT (premier Think Tank dédié aux jeunes et à l’éducation). Et cela est suffisamment rare et précieux pour que l’on s’y attarde un moment.

Consulter un Conseiller Conjugal et Familial : un bénéfice pour les couples 

Dans cette étude, un peu plus de 250 couples ont été interrogés au début puis à la fin de leur accompagnement par un Conseiller Conjugal et Familial ; des couples arrivant en consultation avec des problématiques existantes depuis souvent …. plus de deux ans. 

Plus de 70% des personnes interrogées parlent d’une amélioration de la qualité de leur relation, ainsi qu’une amélioration de leur épanouissement affectif et sexuel. Par ailleurs, l’étude précise que le bénéfice des entretiens a dépassé la relation du couple permettant, entre autres, aux personnes, une meilleure compréhension d’elles-mêmes, des effets sur la qualité de la relation avec les enfants et l’entourage en général.

Il est intéressant de lire que sur 101 couples venus consulter avec l’intention de se séparer, 74 sont restés ensemble et que les 23 couples qui se sont séparés à l’issue de l’accompagnement, ont pu le faire dans un contexte plus apaisé.

En tant que CCF, notre métier est d’accompagner les couples, et toute personne, qui rencontre des difficultés dans ses relations affectives, sexuelles. Spécialiste des relations intrafamiliales, nous aidons à mettre des mots, à prendre du recul, à réfléchir, à prendre une décision … de rester, de partir. Oui parfois la séparation est inéluctable voire vitale, et parfois elle peut être évitée, si le couple est accompagné.

Couple: le parent pauvre de la politique familiale

Chaque année et toutes formes d’union confondues, 425 000 couples se séparent, soit 379 000 enfants mineurs concernés rappelle VersLeHaut.

Les ruptures conjugales, sans oublier les conflits voire les violences qui perdurent chez les couples qui ne se séparent pas, ont de lourdes incidences : une perte du niveau de vie (particulièrement significative pour les femmes), 1 enfant mineur sur 4 privé durablement d’au moins un de ses parents, une scolarité impactée et surtout une santé physique et psychique qui peut être plus fragile, autant chez les enfants, que chez les parents. VersLeHaut dresse par ailleurs le constat que les séparations ont un coût financier important pour l’État, par exemple 9500€/an pour une famille modeste avec un enfant au titre de l’allocation logement et du RSA.

Là où d’autres pays mettent l’accent sur la conjugalité, comme le Danemark qui propose des thérapies de couple gratuites, la France reste très tournée, et c’est également important, vers la parentalité. Au sein d’ateliers ou de groupes de paroles, les parents apprennent à devenir parents. Avec la médiation familiale, ils apprennent à le rester lorsqu’il y a séparation. Mais où apprennent-ils à devenir couple dans la durée ? 

« La politique familiale (…) a tout intérêt, pour le bonheur privé comme pour l’économie publique, à soutenir aussi des dispositifs promouvant la stabilité́ conjugale. Il en va de trajectoires de vie réussies comme de la bonne gestion des deniers publics. » 

Julien Damon, sociologue, professeur associé à Sciences Po Paris et auteur d’une vingtaine d’ouvrages sur la pauvreté et la protection sociale. 

Rendre les consultations accessibles pour tous, en faire un service de proximité, promouvoir le Conseil Conjugal et Familial encore trop méconnu, reconnaitre le métier par un diplôme d’État au même titre que la médiation familiale, sont quelques-unes des propositions concrètes de cette étude. 

Accompagner les couples et prévenir les ruptures ? VersLeHaut nous confirme ce que nous observons chaque jour sur le terrain, c’est possible, c’est bon pour les familles et plus largement pour la société !

Ecrit par Albane de Saint Maurice, Conseillère Conjugale et Familiale de l’Espace Accompagnement Famille du Réseau des Parents.