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Parents, oui, mais pas tout seuls !

« Il faut tout un village pour élever un enfant » comme le dit le proverbe, mais aussi pour accompagner un parent. Dans nos sociétés occidentales, on trouve beaucoup trop de parents isolés. Facilement, le parent se sent en faute, coupable de ne pas y arriver tout seul malgré toute l’énergie qu’il peut mettre dans l’éducation de son enfant. « Porter » un enfant est bien plus facile, lorsque l’on peut se reposer un moment sur une autre personne, échanger des points de vue mais aussi des coups de mains très concrets. Mais comment faire ? Où trouver des lieux pour se sentir soutenus quand on ne peut pas toujours compter sur ses proches ? Comment prendre du recul, trouver de nouvelles solutions, s’inspirer ?

Si faire intervenir d’autres personnes, solliciter leur avis, leurs conseils c’est potentiellement prendre le risque de se faire critiquer, d’être déstabilisé, d’être remis en question par un autre adulte, c’est surtout ouvrir la porte à la créativité, la possibilité de se confronter, de choisir, de prendre position, de définir ce que l’on veut pour notre famille et de rectifier le tir quand visiblement il y a un problème !

Nous ne sommes pas tout pour nos enfants et c’est tant mieux !

Pendant le confinement, beaucoup de parents ont réalisé à quel point ils pouvaient avoir besoin des autres pour être parents. Non seulement à cause de la fatigue d’être H24 avec ses enfants, de n’avoir jamais de relais, de pause mais aussi parce que chaque parent a ses limites et n’est donc pas « suffisant » pour son enfant. Nos enfants ont besoin des autres pour vivre ce que nous pouvons pas vivre avec eux : vous détestez le bricolage mais une de vos amies adore créer des choses avec les enfants, son grand-père adore les grandes marches dans la nature alors que vous détestez ça, il est le mieux à même de lui faire découvrir les joies de la nature, faire les devoirs avec votre enfant est un supplice mais tout se passe nettement mieux quand il va à l’étude et les fait avec quelqu’un d’autre. Autant de situations que nous pouvons rencontrer.

Je déteste les parcs d’attractions, à tel point que je peux véritablement gâcher par mon dégoût une journée passée en ces lieux. Pour ne pas être de mauvaise compagnie, j’ai proposé à mes enfants d’y aller avec quelqu’un d’autre qui prendrait plaisir à cette activité ! Pour moi, c’est tout à fait acceptable de me dire que je peux pas tout faire avec mes enfants.

Sylvia, mère de 2 enfants de 10 et 12 ans

Nous ne pouvons être l’unique référence de nos enfants, leur porter une attention à tout instant : cela nous pousse à un perfectionnisme toujours plus épuisant ! Pour ne pas être à bout de force, à court d’inspiration, laissons un peu de place à d’autres.

Se laisser inspirer et aider au quotidien

Dans la vie quotidienne, il peut arriver que d’autres adultes que nous ne connaissons pas forcément, ou seulement de vue, prennent le temps de s’adresser à nous, de faire une remarque à notre enfant. Cette maman sur le banc de square qui a un enfant du même âge, ce peut être un appui pour échanger tout d’abord et si la confiance est là, pouvoir échanger des bons plans, des services, se soutenir.

Je ne me soucie plus de mes enfants quand ils sont seuls, car il y a toujours un ou une voisine pour veiller, c’est un vrai confort psychologique pour moi. »

Julie, maman solo

Se sentir plus fort grâce aux autres parents : vive les communautés !

Les réseaux sociaux peuvent être un bon moyen de se sentir soutenus, de ne pas se sentir seuls face aux questionnements, aux difficultés que l’on rencontre inévitablement en tant que parent. Que ce soient les groupes d’échanges d’inspiration sur une question, ceux sur lesquels on peut échanger des solutions, ceux, souvent plus locaux, où l’on peut échanger des services, de l’entraide.

Le monde numérique a ses limites cependant, car l’on reste seul derrière son écran. Aussi de nombreuses associations, à l’instar du Réseau des Parents, proposent des groupes de partage d’expérience « en présentiel ». Dans un cadre bienveillant, confidentiel, on peut bénéficier d’une qualité d’écoute qui permet de déposer ses difficultés, ses doutes et ainsi prendre du recul.

Certaines associations proposent aussi des communautés de parents pour se retrouver autour de sorties d’un apéritif, d’un pique-nique. Un bon moyen de ne pas se sentir seul, de trouver d’autres parents comme nous concernés par des problématiques éducatives. On peut également trouver ce soutien à travers les associations de parents d’élèves, la fréquentation de médiathèques, de ludothèques, des centres associatifs avec les enfants qui sont autant de possibilités d’échanger avec d’autres. Le contact avec d’autres personnes, d’autres types d’éducation, d’autres générations, d’autres cultures nous donne des idées, nous ouvre l’esprit, nous permet de prendre de la distance avec notre quotidien, de devenir plus créatifs.

Prendre appui sur les « grandes sœurs » et les « grands frères » en parentalité

Ces femmes, ces hommes sont plus âgés que nous : cousines, cousins, grand-parents, tantes, oncles, voisins de pallier… Ils ont pour point commun d’avoir déjà traversé les étapes que nous traversons, d’avoir vécu un certain nombre d’épreuves dont ils se sont sortis comme ils pouvaient. Ils ne sont pas parfaits, ils trimballent chacun leurs casseroles et ont fait au mieux avec leurs propres enfants. Alors certes, les temps changent, les injonctions éducatives aussi, mais ils ont franchi cela avec les moyens qui étaient les leurs, et ils ont appris de leurs erreurs, de leurs tâtonnements. Parfois les échanges avec eux peuvent être maladroits, à l’encontre de ce que l’actuelle « parentalité positive » semble exiger de nous, mais écoutons-les quand même, prenons le temps d’échanger nos points de vue, de saisir leur réflexions à posteriori, leur émerveillement aussi devant les temps que nous traversons. C’est rafraichissant pour une maman d’adolescents de se retrouver avec des petits, c’est rassurant pour une maman de petits de voir que les nuits sans sommeil et les pleurs ont une fin…Ils nous permettent de poser un regard plus doux sur les moments parfois difficiles que nous traversons, de nous réassurer, de nous aider à absorber ce flot de la vie qui nous bouscule régulièrement sans en être traumatisé. Ils nous permettent de toucher du doigt qu’avoir un contrôle total sur l’éducation de nos enfants est illusoire et qu’il va falloir lâcher-prise pour le bien de tous…Un certain nombre d’étapes dans la vie de parents sont compliquées mais elles font partie de la vie. C’es rassurant de le savoir !

Ces « grandes sœurs » et ces « grands frères » peuvent aussi nous aider à identifier des symptômes inhabituels, nous transmettre leurs bons plans, leurs astuces, nous faire penser à vérifier ceci ou cela, investiguer pour aller plus loin, nous aider à distinguer ce qui est « normal » de ce qui ne l’est pas et ainsi pouvoir partir à la recherche de solutions.

S’il est important de se dire « fais-toi confiance, tu es le parent, tu sais si ton enfant va bien ou non ! », et bien parfois non, nous ne savons pas, nous ne savons pas du tout et nous avons besoin des autres pour nous aider, nous entourer et ne pas rester seuls.

Je garde en souvenir la dernière discussion avec avec ma grand-mère. Je venais d’avoir ma petite dernière et elle m’a dit « Tu sais, je crois que le plus important ce n’est pas ce que l’on dit à ses enfants mais la manière que l’on a de traverser la vie devant eux ».

Marine, maman de trois enfants de 6, 4 et 1 ans

Alors, parlons à nos proches, à nos amis, à nos familles, avec des professionnels, que ce soit en direct, sur les réseaux sociaux, par mail…Parlons pour ne pas êtres seuls, pour demander de l’aide, pour être entourés. Ce sera bon pour nous, pour nos enfants et pour tout le monde !

Quelques associations qui proposent des lieux d’échange :

Les maisons vertes de Françoise Dolto

Tout un monde

Le Réseau des Parents

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