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C’est de saison !

Quand est-ce qu’il fera ses nuits ? Vivement qu’il soit propre ! Quand est-ce qu’on en aura fini des otites, bronchiolites, poussées dentaires? Est-ce qu’un jour ils arrêterons de vider les tiroirs dès que j’ai le dos tourné ? Vivement qu’il sache rentrer de l’école tout seul. Quand est-ce qu’on pourra à nouveau sortir tard le soir avec nos enfants ? Depuis que j’ai des ados, je ne les vois plus, ils ont disparu dans leurs chambres ou chez leurs copains…Est-ce qu’un jour nos ados lèveront la tête de leur smartphone ? Est-ce qu’un jour on aura un peu plus de temps en amoureux ? Est-ce qu’un jour on sera moins épuisés ?

La tête dans le guidon, on espère toujours la fin des désagréments que l’on traverse en tant que parent.

La parentalité n’est pas un long fleuve tranquille et à chaque âge ses plaisirs…Tout comme le printemps revient après l’automne et l’hiver, nous vivons en famille des saisons. Et comme celles-ci, chaque phase de la vie de famille est accompagnée de ses contraintes spécifiques, ses points de vigilance, ses défis éducatifs, son type de fatigue pour les parents mais aussi ses joies, ses émerveillements devant cette enfant qui grandit chaque jour. Haute saison, basse saison, belle saison, hors saison, saison froide, saison des récoltes…

Les saisons familiales se suivent et ne se ressemblent pas.

Parfois tout fleuri enfin après une attente qui nous a paru infinie…

De la même manière que nous sommes à la fois tristes de retrouver en automne le froid et la pluie, nous sommes aussi heureux de retrouver la douceur de nos maisons, les magnifiques couleurs des arbres. Il en est de même pour la vie parentale : de quoi pouvons-nous nous réjouir à chaque âge de nos enfants alors même que les inconvénients peuvent nous sembler majeurs sur le moment

A Noël, je n’ai pas plus envie de rose que je ne voudrais de neige au printemps. J’aime chaque saison pour ce qu’elle apporte.

William Shakespeare

Pourquoi attendre des nourrissons absence de pleurs et nuits complètes quand il y a fort à parier que ce ne sera pas le cas ? Profitons de ces câlins dans le cou des touts-petits, ces premières fois éblouissantes !

Pourquoi attendre de nos jeunes enfants qu’ils soient calmes et tranquilles quand l’énergie de la vie les pousse à courir, crier, rire, s’exclamer, faire preuve de curiosité ? Et si à leur école on retrouvait notre capacité à s’émerveiller de tout !

Pourquoi attendre de nos ados qu’ils soient tout le temps avec nous, ou bien qu’ils arrêtent de nous pousser dans nos retranchements ? Ils ont le monde à découvrir après avoir reçu toute la sécurité affective pour le parcourir sans crainte. Pendant cette période, à nous les discussions sur le sens de la vie, sur leurs grandes interrogations.

Il y a des saisons où c’est plus difficile de communiquer, où l’on rencontre des difficultés à se retrouver en amoureux, à se retrouver soi-même. Des moments où l’on peut se perdre, s’engloutir dans sa parentalité. Au moment de la naissance par exemple, où ce tout-petit est totalement dépendant de nous, son soin nous occupe entièrement au détriment des autres plans. Il y a des instants au contraire où l’on peut à nouveau prendre du temps avec des amis, avoir la joie de se retrouver avec d’autres parents et leurs enfants, et profiter que tous jouent ensemble sans que nous ayons à nous en occuper.

Parfois la vie familiale nous pique, comme des chardons, nous poussant à faire évoluer nos plans, à intégrer des imprévus.

Parfois on a besoin de demander de l’aide pour pouvoir continuer à avancer ensemble parce que c’est trop dur, parce qu’on a épuisé toutes les solutions à notre portée, parce que les difficultés semblent insurmontables. Il ne faut alors pas hésiter ! Le Réseau des Parents vous permet de trouver de l’aide dans le cadre de ses accompagnements famille. Par ailleurs, de nombreux professionnels peuvent vous accompagner : psychologues, conseillers conjugaux et familiaux, assistants sociaux, médecins traitants, pédiatres, centres de PMI…

La saison suivante, on découvre la joie de pouvoir faire des activités de grands avec des enfants enfin capables d’aller un peu plus loin, de suivre sans ronchonner, de pouvoir enfin faire cette randonnée que l’on s’était promis de faire “quand ils seraient grands”.

Quelquefois le ciel est dégagé, on a le sentiment que tout est possible !

Il y a des saisons où cela crie, où plus personne ne se supporte, où l’on ne se comprend plus, où l’on n’a pas vu qu’ils avaient grandi, évolué…c’est la crise…on doit apprendre à faire autrement, à trouver ensemble des solutions. C’est épuisant, mais c’est aussi riche en apprentissages si l’on veut bien se laisser porter par la crise.

Puis à l’occasion d’une épreuve familiale, on apprend à se serrer les coudes, à attendre patiemment des jours meilleurs, à se saisir de plus petit bonheur pour sortit la tête de l’eau, ne serait-ce que quelques secondes.

A certains moments la vie familiale est foisonnante, on récolte ce que l’on a semé…

L’on goûte aux joies de l’adolescence, de l’affirmation de notre jeune encore bien jeune mais qui pousse sa carapace pour révéler l’adulte : ça swingue, ce n’est pas confortable. Il nous pousse dans nos retranchements, explore sans trêve nos failles. Mais il fait de nous les témoins de ses questionnements, de ses doutes, de ses découvertes, de cette chrysalide qui promet le meilleur pour plus tard. On goûte aussi ses ouvertures vers l’extérieur, même si elles peuvent nous faire frissonner de peur. On goûte ce renouveau, cette promesse de l’avenir avec les vertiges qui vont avec. On se délecte de ces dernières véritables vacances ensemble plutôt qu’avec ses amis, on sait que cela ne durera pas si longtemps, que bientôt il ira courir seul le vaste monde. Et on se réjouit, parents, bien que bousculés par ces boussoles peinant à trouver leur nord que sont nos enfants, de retrouver un peu de temps à deux, de retrouver du calme après chaque tempête.

Prenons le temps de regarder nos hivers, nos printemps, nos étés, nos automnes et d’accepter que la vie de famille puisse traverser ces différentes saisons en s’enrichissant de ce que chacune d’elle peut apporter. Lorsque l’on rassemble des parents de grands enfants et de petits enfants ensemble pour partager leur quotidien, les plus jeunes parents sont heureux de voir que oui, les pleurs, et le manque de sommeil ont une fin, que ce n’est qu’une saison. Les parents plus âgés sont attendris par cette innocence des tout petits, se remémorent avec douceur ce temps béni où les tracas étaient finalement de petit tracas comparés aux questionnements suscités par leurs grands enfants. A chaque période ses renoncements mais aussi ses nouvelles possibilités, ses émerveillements. Prenons le temps de savourer ce qui se présente à nous, de lâcher-prise sur ce qui est inexorable à chaque âge et de mieux accueillir toute cette imperfection de la vie avec nos enfants. Chaque chose en son temps.

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